Pluriels –EUS et –EUX

 

Les mots se terminant par –AU, -EAU, -EU et –OEU prennent normalement un X au pluriel. Il y a néanmoins des exceptions à cette règle.

 

Ainsi, on accepte deux pluriels pour certains mots se terminant par –EU. Ces mots sont les suivants :

-          CAMAIEU L’étymologie de ce mot est obscure. Ecrit camaü à la fin du 12ème siècle, il apparaît sous la forme camayeu en 1676 avant de prendre sa forme définitive camaïeu en 1676. Le camaïeu est une peinture réalisée avec les différents tons d'une seule couleur.

-          EMPOSIEU Ce régionalisme du Jura désigne un puits naturel. Ce mot est tiré du provençal « potz », désignant un puits .

-          ENFEU Ce mot, créé à partir du verbe ENFOUIR, apparaît au 15ème siècle. Il désigne une tombe encastrée dans l'épaisseur du mur d'un édifice religieux.

-          RICHELIEU Chaussure basse devant son nom au célèbre prélat du 17ème siècle.

 

 

Pluriels –ALS ou –AUX

 

Je ne vais tout de même pas me fatiguer à recopier bêtement toute la liste. Le choix des mots retenus ci-dessous a été réalisé à partir de ma difficulté à savoir quel était le pluriel de ces mots.

 

-          DUAL pluriel DUALS, DUAUX                                        Adjectif désignant des propriétés mathématiques présentant un caractère réciproque, c’est le cas notamment des relations d'inégalité < et > ., puisque a>b et évidemment b<a.

-          FOIRAL pluriel FOIRALS                                                Ce mot du Mâconnais, altération du provençal fieiral, désigne un champ de foire.

-          MARIAL pluriel MARIALS, MARIAUX                        Relatif à la Vierge Marie.

-          NYMPHAL pluriel NYMPHALS, NYMPHAUX           Relatif à la nymphe d’un insecte, la nymphe étant un stade du développement intermédiaire entre la larve et l'imago.

-          SANTAL pluriel SANTAL, SANTAUX                          Cet arbre, tirant son nom du sanskrit candana, est réputé pour son bois odoriférant dont on extrait essence et poudres.

 

Pluriel en –I

 

Un grand nombre de mots issus du latin se trouvent dans l’ODS. Le pluriel des noms latins finissant en -UM est -A, ceux en -US est -I. Cette règle a été appliquée pour un nombre assez faible de ces mots.

 

 

-          ACINI ACINUS est un mot latin signifiant « grain de raisin ». Dans le domaine médical, il désigne un élément de forme arrondie constitutif des glandes à sécrétion externe dites « en grappes », comme le pancréas. Dans la langue française, ACINUS a également donné son nom au fruit de l’aubépine, la cenelle.

-          COCCI Un coccus est une bactérie de forme sphérique, par opposition à la forme allongée en bâtonnet, appelée bacille. Son origine est le mot latin COCCUM, signifiant « grain ».

-          LAPSI Ce mot bien connu en psycholinguistique est issu du latin signifiant « glissement ».

-          LEI Pas de rapport avec le latin pour ce mot. Le leu est l’unité monétaire de la Roumanie et de la Moldavie. En roumain, ce mot signifiant « lion ».

-          LOCI Tiré du latin signifiant « lieu », le locus est l’emplacement précis d'un gène sur le chromosome qui le porte.

-          NAEVI Cet amas de cellules mélanocytes est plus communément appelé grain de beauté. Le naevus désignait une verrue chez les Romains.

-          OCULI Il n’est pas nécessaire d’être calé en étymologie pour savoir que l’oculus des romains était l’œil. Pour quelle raison, le pluriel de œil est-il yeux ? Il n’y a pas d’explication uniformisée par les étymologistes. En voici une qui est vraisemblable : « Parmi les mots en euil, il faut distinguer ceux où cette terminaison est étymologique, comme œil (anc. franç. ueil), deuil, seuil, et des substantifs verbaux comme accueil, de ceux qui ont pris cette terminaison par analogie avec les mots précédents : chevreuil (anc. franç. chevruel, chevreul), linceul (prononcez linceuil), et aussi cercueil (anc. franç. sarqueu). Les uns et les autres faisaient primitivement leur pluriel en eux : yeux, chevreux, etc. C'est ce qui explique que les seconds aient pris au singulier une terminaison identique à celle des premiers. Les uns et les autres aussi, peu à peu, refirent leur pluriel sur le singulier : œils-de-chat, de perdrix, seuils, accueils, chevreuils, linceuls (prononcez linceuils), cercueils. Il n'est resté de l'ancien usage que le pluriel yeux, ancien français ieus, ueus.». De nos jours l’oculus est resté usité dans le domaine de l’architecture pour désigner une lucarne de forme ronde ou ovoïde.

-          PAGI Voilà un mot plutôt méconnu qui a donné naissance à des dérivés très populaires !  Le pagus était la circonscription territoriale rurale durant l'Antiquité romaine et le haut Moyen Âge. L’équivalent au 21ème siècle serait le canton. Le terme pagus est à l'origine du nom commun pays, son dérivé paganus « de la campagne » est à l'origine du terme païen.

-          SERRATI Sans aucun doute le moins connu des mots de cette liste. L’adjectif serratus, tiré du latin signifiant « dentelé », désignait des monnaies antiques au bord découpé en forme de scie. Cet usage se propagea à partir du 1er siècle avant Jésus-Christ afin de s’assurer de la qualité du métal utilisé.

-          STIMULI Du latin signifiant « aiguillon », le terme stimulus est utilisé en biologie pour désigner tout ce qui est de nature à déterminer une excitation chez un organisme vivant.

-          TUMULI Il s’agit d’un grand amas artificiel de terre ou de pierres que l'on élevait au-dessus d'une sépulture. En France, on peut notamment visiter les tumulus – ou tumuli – de Bougon, dans les Deux-Sèvres, datant du 5ème millénaire avant Jésus-Christ.

 

 Pluriel atypiques

 

AREG            AREG, pluriel de ERG, est emprunté à l’arabe a’rāq, signifiant « dune mouvante ». C’est d’abord le pluriel AREG qui entre dans la langue française, en 1849, une quarantaine d’années avant le singulier ERG. Ce pluriel avait été remplacé au fur et à mesure des années par la francisation ERGS et avait été supprimé dans la majorité des dictionnaires, avant de revenir avec la mise à jour de l’ODS1. On peut noter également que AREG a la même terminaison que TOUAREG, ce qui n’a rien d’étonnant puisque TOUAREG est originellement le pluriel de TARGUI. Ce n’est qu’abusivement que TOUAREG a été utilisé au singulier puis que TOUAREGS a été toléré.